L'Europe est en ébullition. Des foyers de tensions apparaissent en France, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, et même en Allemagne. Le refus des partis de droite de respecter la règle de l'UE concernant le déficit budgétaire de 3% du PIB a presque conduit à la démission du gouvernement néerlandais. Le Rassemblement National en France exige des élections anticipées, et les investisseurs commencent à se demander ce que l'indiscipline budgétaire de l'Allemagne va entraîner. Et comment Rachel Reeves comblera-t-elle le déficit budgétaire au Royaume-Uni—si tant est qu'elle y parvienne ? Sur fond de ce contexte, la baisse de l'EUR/USD semble logique.

Les investisseurs observent avec inquiétude l'envolée des rendements des obligations allemandes et françaises, atteignant leurs niveaux les plus élevés depuis 2011, quand une crise de la dette a éclaté dans la zone euro. Faut-il s'attendre à répéter ce sombre épisode ? À l'époque, le président de la BCE, Mario Draghi, avait promis de tout faire pour sauver l'euro. La banque centrale avait maintenu une politique monétaire accommodante pendant longtemps. Le discours de Christine Lagarde a incité les traders à établir des parallèles avec ces événements passés.

La présidente française a déclaré qu'elle surveille de près l'écart entre les rendements des obligations françaises et allemandes. Cette mesure clé du risque politique en Europe ne cesse d'augmenter. L'inquiétude de la cheffe de la BCE pourrait inciter la banque centrale à intervenir de manière plus agressive en rachetant des obligations dans le cadre d'un programme de QE renouvelé. Baisser les taux semble peu judicieux, car l'inflation dans le bloc monétaire a accéléré à 2,1% en août.

Tendances de l'inflation en Europe

Selon Isabel Schnabel, membre du Conseil des gouverneurs, la perte d'indépendance de la Federal Reserve affectera non seulement l'économie américaine, mais aussi l'économie mondiale. Si la Fed devient une marionnette de la Maison Blanche, attendez-vous à des problèmes ! Les investisseurs se débarrasseront des Treasuries, et leurs rendements augmenteront. La panique se propagera des États-Unis à l'Europe. Et bien que les Américains puissent être en mesure de supporter des coûts d'emprunt plus élevés, les Européens, eux, seront probablement incapables de le faire.

L'économie de la zone euro souffre déjà des tarifs douaniers, de la guerre en Ukraine et du ralentissement du commerce mondial. Si l'on ajoute à cela une hausse rapide des taux du marché obligataire, son avenir commence à sembler sombre. Oui, l'Allemagne dispose de mesures de relance budgétaire, mais d'ici à ce que ces mesures soient mises en œuvre, il s'écoulera un temps significatif.

Le retour de l'intérêt des investisseurs pour le dollar américain joue également un rôle important dans la baisse de l'EUR/USD. La chute de 10% du billet vert au cours de la première moitié de l'année a été causée par les tarifs douaniers. S'ils sont annulés, l'économie américaine ne souffrira pas et l'inflation n'augmentera pas. Est-il temps d'acheter le billet vert ? Réduire les positions courtes nettes spéculatives sur l'indice USD semble un choix raisonnable, surtout à l'approche des données importantes sur l'emploi non agricole aux États-Unis pour le mois d'août.

Techniquement, sur le graphique quotidien de l'EUR/USD, la troisième tentative en trois semaines de la paire de sortir de la plage de consolidation de 1.160–1.172 a échoué. Un cassage ferme en dessous de 1.165 augmentera le risque d'une chute à 1.155 et 1.150. Un retour au-dessus de ce niveau sera une raison d'acheter.