Les marchés ont de nouveau ignoré les mauvaises nouvelles. Le S&P 500 a réussi à clôturer en hausse, résistant ainsi au choc de l'indice des prix à la production. Sur une base mensuelle, le PPI a bondi de 0,9 % en juillet, soit le rythme le plus rapide en trois ans. Cette trajectoire dépeint un scénario de stagflation. Tout récemment, les données sur les prix à la consommation avaient conduit beaucoup à croire que le pire était passé. En réalité, tout peut arriver, et les traders doivent être prêts à y faire face.

La vente massive en avril du S&P 500 après la Journée de la libération de l'Amérique a été motivée par la crainte que les tarifs n'accélèrent l'inflation des consommateurs, réduisent les dépenses des ménages et, en fin de compte, ne poussent l’économie en récession, ou que les entreprises n’absorbent la majeure partie du fardeau et évitent de répercuter les coûts plus élevés sur les ménages. Cela nuirait aux marges bénéficiaires et ferait baisser l’indice boursier global.

Dynamique de l'inflation américaine et de l'écart des marges bénéficiaires

À en juger par la façon dont le PPI devance le CPI, le deuxième scénario se déroule. Les entreprises encaissent les coûts elles-mêmes, et la hausse des coûts affectera négativement les bénéfices futurs. Finalement, une partie de ces dépenses sera répercutée sur les consommateurs, mais pour le moment, il semble logique de s'attendre à des résultats financiers plus faibles des entreprises américaines au troisième trimestre.

Malgré cela, le S&P 500 n'a pas chuté grâce aux attentes d'une reprise du cycle d'assouplissement monétaire de la Réserve Fédérale. Le large indice boursier a clôturé en territoire positif lors de six des neuf dernières séances de trading. Certes, la flambée des prix à la production a effectivement écarté une réduction de 50 points de base du taux des fonds fédéraux en septembre. Toutefois, on s'attend toujours à ce que la Fed assouplisse sa politique monétaire. En conséquence, une baisse des rendements du Trésor américain devrait aider à compenser en partie les augmentations de coûts dues aux tarifs pour les entreprises.

Dynamique quotidienne du S&P 500

Un affaiblissement supplémentaire du dollar américain pourrait également soutenir le S&P 500 en augmentant les revenus étrangers pour les entreprises américaines. La Fed abaissant les taux alors que l'inflation accélère est un phénomène rare, mais il s'est déjà produit dans l'histoire économique des États-Unis.

Dans la seconde moitié de 2007 jusqu'à la première moitié de 2008, des chocs d'approvisionnement ont fait flamber les prix. La Fed a utilisé des mesures de relance monétaire pour soutenir les marchés du travail et du logement qui se refroidissaient. En conséquence, l'indice du dollar américain a chuté de 8 %.

Ainsi, les tarifs sont un facteur négatif, mais le marché boursier américain dispose d'outils pour les contrer. Beaucoup dépendra de la volonté de la Fed d'assouplir sa politique monétaire, avec des signaux de reprise du cycle pouvant potentiellement émerger dès la réunion des banquiers centraux de Jackson Hole.

Techniquement, le graphique journalier du S&P 500 montre toujours une tendance haussière. Le support clé est le niveau pivot à 6 450. Si les haussiers peuvent maintenir leur position au-dessus de ce niveau, les chances de pousser les cotations vers 6 575 et 6 700 augmenteront. Tant que l'indice large se négocie au-dessus de 6 450, il est judicieux de conserver un biais à l'achat.